Zoom sur la fraise d’Europe, du pour du contre, du bon du moins bon, qu’en est il aujourd’hui ?

Il m’aura fallu 3 mois. Le temps pour moi de digérer mon voyage de presse en Espagne, celui qui m’a fait partir à la découverte des fraises d’Europe.

Pour tout vous dire, j’étais très mitigée à l’idée d’écrire sur ce sujet. D’abord parce que la production de fraises qui débarquent dès le mois de janvier chez nous, emballées dans du plastique qui plus est, ne m’a jamais inspirée mais aussi parce que les papiers que j’avais pu lire m’ont toujours fait douter sur les conditions de production…

Rien de tel qu’un petit voyage sur place, dans la belle région d’Andalousie pour aller étudier le sujet.

Rassurez vous tout de même, je ne cacherai pas que les fraises dont je me régale sur les petits marchés du Périgord ou celles de mon pays Chtimi, comme celles de Phalempin ou Verlinghem en saison, me réjouissent et qu’elles resteront mon choix numéro 1. Quoi de mieux que de défendre le local et le goût avant tout. Et on le sait aussi bien, ces grosses fraises espagnoles n’ont pas les mêmes qualités gustatives.

Cependant, laissez moi vous raconter leur histoire.

Tout d’abord, ne hurlons plus en janvier. En effet la région de Huelva baignée de soleil bénéficie d’un climat tellement doux à l’année, qu’elle permet la production de fraises dès son démarrage. Alors ok le transport qui nous les amène ; on est pas fan, mais ne hurlons pas dessus, après tout les courgettes en hiver, les bananes, les avocats, les mangues toute l’année (parmi tant d’autres) sont aussi importés. Alors je ne justifierai pas le mal par le pire mais remettons le sujet dans sa catégorie tout de même.

Focus sur le Parc National de Donana, soucieux de son environnement.

Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le parc national de Donana est protégé par 3 grands traités : la constitution de la zone biologique de Donana datant de 1964, la déclaration de 1969 faisant du parc une réserve biologique protégée et enfin la déclaration en 1989 ayant pour but de classifier cette zone comme parc national et d’en protéger l’environnement.

Suite à l’établissement de ces différentes lois, les autorités font en sorte de maintenir un développement économique non nuisible à la préservation et au respect de cet environnement et sa diversité, et infligent des sanctions économiques à tous ceux outrepassant ces lois.

Et je dois dire qu’après notre petit safari le parc est parfaitement préservé, j’étais bluffée.

Parlons du sujet qui fâche : le plastique. Utilisé dans la production de fraises, il est utilisé pour 2 saisons avant d’être rapporté par les agriculteurs dans des zones de recyclage. En échange de ce plastique les agriculteurs reçoivent une subvention. Autrement, les agriculteurs sont soumis à une amende.

Concernant la qualité de l’air, aucune corrélation entre la contamination de l’air et la production de fraises n’a pu être prouvée, même si l’administration locale développe des normes dans le but d’éviter ce type de problème. De plus, grâce à la production de fraises sous serre, l’écosystème végétal se développe et permet aux plantes de pousser « comme dans un jardin » et ainsi de continuer leur cycle de photosynthèse.

Enfin, le ministère de l’environnement a fermé récemment 300 puits illégaux dans les environs du parc de Donana afin de préserver le parc et ses alentours.

Et les pesticides dans tout cela ? Pour s’assurer de la démarche durable, la Junta de Andalucia a approuvé en juillet 2013, le «  règlement intégré sur la production de fraises  »  qui assure le contrôle des pesticides et maladies en priorité grâce à des méthodes biologiques, comme par exemple l’utilisation d’insectes comme pesticides naturels.

Côté staff, on craque, on abuse et on exploite ?

Et bien non ! Les choses ont changé, et ouf.

Du fait des importantes cultures de fraises en Andalousie (région la plus ensoleillée d’Europe), il est nécessaire de faire appel à des travailleurs saisonniers durant les périodes de récolte de février à juin. C’est la raison pour laquelle la Junta de Andalucia a mis en place plusieurs actions pour aider et soutenir ces travailleurs, comme les services sociaux de la communauté qui apportent information, aide et conseils, un centre de soins pour enfants, le planning familial, la mise en place d’horaires de scolarité en adéquation avec les horaires de travail des parents saisonniers, des navettes quotidiennes pour faciliter les déplacements, etc.

Les salariés travaillent 39h par semaine réparties sur 6 jours, soit 6h30 par jour et chaque salarié a également le droit à 30 jours minimum de vacances. Ces conditions de travail sont donc parfaitement en règle avec les horaires de travail en Espagne.

Quoi qu’il en soit les choses sont mieux faites, les producteurs respectueux de leur sol et de leurs employés, alors je mets de l’eau dans mon vin. Ou du vin sur mes fraises d’ailleurs ! Chose qu’ils font ici pour les déguster.

On retiendra en somme que chaque moment, chaque budget, chaque recette (ou justement au naturel) a sa fraise, et l’européenne a sa place. On ouvre nos marchés, assumons les conséquences.

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